dimanche 11 mai 2014

Dépasser la souffrance : résilience et pardon, quels liens ?

J'ai assisté à une conférence organisée par Regards de Femmes à Londres dont le conférencier était Jacques Lecomte.

La résilience

est un processus dynamique qui permet à une personne ou à un groupe ayant subi un traumatisme de se reconstruire et de mener une vie qui lui soit satisfaisante. Elle peut s’exprimer sous des formes très variables. Stefan Vanistendael a supervisé un programme à partir d'observations d'enfants en souffrance dans le monde. L'homme se construit autour de deux éléments essentiels  : le lien (processus interpersonnel), on n'est pas résilient tout seul, et le sens (processus intrapsychique), quel sens je donne à mon passé, à la souffrance subie, à mon avenir. Ceci est une réflexion interne (1). Par la suite, Jacques Lecomte a montré que pour les enfants et les jeunes en souffrance, un troisième élément jouait également un rôle majeur : la loi symbolique (2) (il est important que l’enfant dispose d’un cadre structurant, de règles claires pour grandir). Ce n'est pas à l'adulte de faire sens aux jeunes.




Quelles sont les attitudes facilitatrices de résilience ? Avoir rencontré un tuteur de résilience qui l'a fait spontanément en :
# manifestant de l'empathie et de l'affection à un moment de sa vie, si petit soit-il.
# s'intéressant prioritairement aux côtés positifs de la personne.
# étant modeste.
Ces personnes n'ont pas l'impression d'avoir fait grand chose. Elles ont écoutées avec bienveillance. Il faut laisser la personne la liberté de parler ou se taire, être patient et ne pas se décourager face aux échecs apparents.
Il n'y a pas de parcours de résilience qui soient linéaires, il y a des hauts et des bas. Il est unique et particulier. Il faut :
# respecter le parcours et le rythme de résilience d'autrui.
# faciliter l'estime de soi d'autrui.
# faciliter l'altruisme chez autrui.
# associer le lien et la loi symbolique.
# éviter les phrases gentilles qui font mal.

La résilience ce n'est pas de l'amnésie.

Le pardon n'est pas l'oubli de l'acte, ni une justification, mais la distinction entre l'acte et la personne.
L'acte est toujours monstrueux, la personne n'est pas un monstre.
Le pardon n'est pas un devoir ni un acte méritoire, mais un processus de libération.
Cela s'est imposé dans la vie des personnes qui pardonnent, elles n'en tirent aucun mérite.
Le pardon n'est pas obligatoirement, une réconciliation avec l'autre, mais avec soi-même (changement des pensées et du coeur). Même si l'autre en face ne le demande pas, on peut pardonner.
Le pardon n'est pas réservé aux croyants, mais peut concerner toute personne.

Jacques Lecomte s'appuie sur des recherches nombreuses, à travers le monde. C'est ce qui donne la force de son discours. Il nous a aussi dit qu'on a pu trouver beaucoup de recherches qui démontrent la bonté que tout être humain a au fond de lui. Il n'a pas été démontré scientifiquement le contraire.

J'en conclus que l'homme n'est pas un loup pour l'homme, comme on a pu nous le faire croire, même si on nous taxe de navïveté !!! L'homme peut poser des actes terribles, mais il faut toujours rechercher la part d'humanité qui est en lui.

Monsieur Lecomte a terminé en nous citant :

Nelson Mandela a écrit : 

Un long chemin vers la liberté 
« J’ai toujours su qu’au plus profond du cœur de l’homme résidaient la miséricorde et la générosité. Personne ne naît haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de son passé, ou de sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr, et s’ils peuvent apprendre à haïr, on peut leur enseigner aussi à aimer, car l’amour naît plus naturellement dans le cœur de l’homme que son contraire. 
Même aux pires moments de la prison, quand mes camarades et moi étions à bout, j’ai toujours aperçu une lueur d’humanité chez un des gardiens, pendant une seconde peut-être, mais cela suffisait à me rassurer et à me permettre de continuer. La bonté de l’homme est une flamme qu’on peut cacher, mais qu’on ne peut jamais éteindre."

Vous pouvez trouver sur le site de Jacques Lecomte psychologie-positive.net de quoi approffondir les questions que nous venons d'aborder.


(1) S. Vanistendael et J. Lecomte, Le bonheur est toujours possible, construire la résilience, Bayard, 2000.

(2) J. Lecomte, Guérir de son enfance, Odile Jacob, 2004.





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